Sous le soleil ardent qui flambe et les éclaire
Les canonniers debout, attendent, palpitants
Qu'éclate le signal que l'officier doit faire
Pour leur permettre enfin ! dêtre des combattants
Dans un bruit d'infernal orage
Avec des sifflements affreux
La fusillade fait rage
Sème la mort autour d'eux
Soudain, le lieutenant se lève
Et commande d'une voix brève
Refrain :
A vos pièces ! Chargez ! Pointez !
A dix-huit cent mètres la hausse !
Tous se pressent exaltés
Par le désir que l'ordre exauce
Ils sont prêts ! un très court instant
Puis ce cri que chacun entend :
Feu ! de toutes la batterie !
Hurlez canons ! Pour la patrie !
Les canons se sont tus, et l'ennemi recule...
Sur le champs de bataille, attentifs et blessés
Medcins, infirmiers, sous le lours crépuscule
Relèvent maintenant les morts et les blessés
Avec un geste qui câline
L'un d'eux soulève l'officier
Et se penche sur sa poitrine...
Mais il l'entend balbutier
Puis du visage froid et pâle
La bouche dit comme dans un râle
Refrain :
A vos pièces ! Chargez ! Pointez !
A dix-huit cent mètres la hausse !
Et du mourant, les traits heurtés
Se crispent, son buste se hausse,
Un silence d'un court instant
Puis dans un soupir on entend :
Feu ! de toutes la batterie !
Hurlez canons ! Pour la patrie !
A présent, c'est la nuit. De son état tranquille
La lune argente champs, sabres, fusils canons,
Et dans l'ombre d'un bois, calme et dernier asile
D'humbles képis placés sur des tombes sans noms
Alors pendant que sans souffrance
Dorment les corps des fiers soldats
Les âmes de ces fils de France
Se souviennent des durs combats
Et sans regrets des hécatombes
Leurs voix disent, sortant des tombes
Refrain :
A vos pièces ! Chargez ! Pointez !
A dix-huit cent mètres la hausse !
Et tordus, raidis, contractés
Les morts frémissent dans dans leur fosse
Des silences... Puis par instant
Une rumeur revient, s'étend :
Feu ! de toutes la batterie !
Hurlez canons ! Pour la patrie !
