Quand les Gothas viennent sur Paris
J'vais à la cave me mettre à
l'abri
Je retrouve là
En pyjama
Un tas de gens
Assis sur des pliants
Le long du mur
Dans un angle obscur
J'vis dernièrement
Un couple étonnant
Deux bons vieux bourgeois
Madame aux abois
Criait à pleine voix
Sers moi contre toi
Sers toi contre moi
Sers moi bien bien bien
Dis mon Hadrien
C'est fou c'que j'ai peur
J'sens plus mon coeur
Je vais mou, mou,
Mourir de frayeur
Ah non de non j'entends l'canon
C'est pire que d'être au front
Et toujours plus fort
Il redisait encore
Sers moi dans tes bras
Sers toi contre moi
Car voilà les Gothas !
Ça leur suffit, et le lendemain
Nos deux bourgeois avaient pris le
train
D'un coeur léger,
Ils ont logé
Dans le plus beau
Des hôtels de Bordeaux
Mais le mari
Durant toute la nuit
A quel écueil
N'a pu fermé l'oeil
Madame dans l'plumard
Ayant des cauchemars
Criait l'oeil hagard
Sers moi contre toi
Sers toi contre moi
Sers moi bien bien bien
Dis mon Hadrien
C'est fou c'que j'ai peur
J'sens plus mon coeur
Je vais mou, mou,
Mourir de frayeur
Ah non de non j'entends l'canon
C'est pire que d'être au front
Et toujours plus fort
Il redisait encore
Sers moi dans tes bras
Sers toi contre moi
Car voilà les Gothas !
Neuf mois après tous ces incidents
Bien qu'la dame ait plus d'soixante
quinze ans
Elle donna l'jour
A un amour
De petit loupiot
Qui f'sait cinq kilos
Les deux bon vieux
Furent tellement heureux
Que chaque nuit
Dès qu'on fait du bruit
Pour recommencer
Il faut s'embrasser
Et crient sans s'lasser
Sers moi contre toi
Sers toi contre moi
Sers moi bien bien bien
Dis mon Hadrien
C'est fou c'que j'ai peur
J'sens plus mon coeur
Je vais mou, mou,
Mourir de frayeur
Ah non de non j'entends l'canon
C'est pire que d'être au front
Et toujours plus fort
Il redisait encore
Sers moi dans tes bras
Sers toi contre moi
Car voilà les Gothas !