Je viens ici te dire, ô Madeleine
Qu'il faut hélas que je parte
à l'instant
Loin de notre belle et chère
Lorraine
Car je ne puis plus servir l'allemand
Ne pleure pas je t'en conjure
Divin trésor, objet de mes amours
Bientôt en France, je t'attendrai,
je le jure
Je t'attendrai dans ce joli séjour
Refrain
Ma belle fiancée
Conserve ton espoir
Là-bas sous la feuillée
Nous pourrons nous revoir
D'un baiser, prends l'offrande
Car j'aperçois là-bas
La patrouille allemande
Qui s'avance à grand pas.
Le lendemain, quelle triste aventure
Le jeune conscrit ayant manqué
l'appel
Les gendarmes chez l'épousée
future
Vinrent réclamer le jeune homme
rebelle
Celui, messieurs, que vous cherchez
je pense
Ne craindra plus jamais votre courroux
Il va servir le beau pays de France
Sortez d'ici, je ne puis rien pour
vous.
Eh ! Bien tu vas nous suivre,
Fillette de malheur
A moins que tu ne nous livres
Le soldat déserteur
Je ne puis vous le rendre
Pour plus d'une raison
Alors sans plus attendre
On la mène en prison
Le juge a dit à la belle lorraine
- Si jeune encore et déjà
des amants
Où caches tu, attirante sirène
Celui qui doit son sort aux allemands
?
- Il est parti bien loin dans nos campagnes
Tyran maudit, pour ne plus vous servir
Mais un beau jour pour battre l'Allemagne
Vous le verrez en ce lieu revenir
Quoi, tu oses coquine
Insulter le plus beau sort
Qu'on emmène cette gamine
Pour toujours dans un fort
Le coeur plein de vaillance
La fille aux yeux charmants
S'écrie " Vive la France !
Guerre au tyran allemand ! "
Après six mois d'attente et de
détresse
Le jeune conscrit reçoit enfin
un mot
Lui apprenant que sa tendre maîtresse
Depuis longtemps souffrait dans un
cachot
Malheur à moi, qui la crut infidèle
S'écria-t-il en poussant un
soupir
Je ne saurai jamais vivre sans elle
Je vais là-bas la sauver ou
mourir.
Il part, sans plus attendre
Au pays allemand
Disant : " il faut me rendre
Ma maîtresse à l'instant
"
Ta Madeleine est morte
Et tu vas dans ce trou
Subir le même sort
Jusqu'à la fin de tes jours.