Minuit vient de sonner à Strasbourg
qui sommeille
Sur la place où l'on voit le
bronze de Kleber
Seul un soldat prussien monte la garde
et veille
Aux pieds du grand vainqueur au regard
mâle et fier
Le soldat croit rêver lorsque
dans la nuit sombre
De la statue il voit les yeux scintiller
Et qu'il entend soudain frémissante
dans l'ombre
La voix du général qui
semble murmurer
Refrain
Je ne vois plus passer la patrouille
française
J'écoute en vain l'appel de
nos clairons vainqueurs
Je n'entends plus chanter la vieille
Marseillaise
Je ne vois plus dans l'air flotter
nos trois couleurs
En entendant la voix, le traître
d'Allemagne
Dit "Kleber, endors-toi, nous sommes
vainqueurs
Partout sue les clochers, au loin dans
la campagne
Nous avons pour jamais banni les trois
couleurs
Ils ne sont plus, les jours où
la valeur française
Nous chassait en chantant, la baïonnette
au dos
Tes fils on désappris la vieille
marseillaise
Dans les murs de Berlin sommeillent
vos drapeaux
Refrain
Tu ne reverras plus la patrouille française
Nos Uhlans ont proscrit les régiments
français
Strasbourg n'entendra plus la vieille
Marseillaise
Et partout l'aigle noir remplace les
trois couleurs
Non, non, ce n'est pas vrai, dit Kleber,
quel outrage !
Quoi, les soldats français ne
sont plus à Strasbourg ?
Prussien, tu dois mentir, je connais
leur courage
Si tu les as vaincus, j'attendrai leur
retour.
Le soldat répondit : Ton espérance
est vaine
Pas plus qu'à Metz qu'ici, tu
ne saurais les revoir
- Quoi, Metz aussi ? - Mais oui, la
maréchal Bazaine
Pour quelques tonneaux d'or nous les
vendit un soir.
Refrain
Tu ne reverras plus la patrouille française
Nos Uhlans ont proscrit les régiments
français
Strasbourg n'entendra plus la vieille
Marseillaise
Et partout l'aigle noir remplace les
trois couleurs
Comme il parlait ainsi, soudain gronde
l'orage
Sa foudre tombe au loin, illuminant
la nuit
Sous l'injure prussienne, animant son
visage
Kleber tire aussitôt son sabre
qui reluit
La patrouille à pas lents, tranquillement
s'avance
Mais le tonnerre éclate à
ce même moment
Semblant vouloir venger le drapeau
de la France
Il foudroie en tombant le soldat allemand.
Refrain
Depuis cette nuit, raconte la légende
Quand minuit sonne au loin et que jaillit
l'éclair
On dit qu'on voit pâlir la patrouille
allemande
Quand elle passe au pied du général
Kleber.