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La Grève

Jean-Baptiste CLEMENT

1898 -




Forçat des grands centres miniers
Gare à toi si tu bouges,
Voici les policiers
Et les pantalons rouges.

Les "las de vivre" et "meurt la faim"
Se sont réveillés en colère
On vient de rogner leur salaire
Et ça va faire du vilain.
En travaillant fête et dimanche,
C'était la misère partout,
Et les femmes qui sont à bout
Ont pris le balai par le manche.

Mais les Periers et les Jonnards,
Flanqués de leurs actionnaires,
Ont rassemblé leurs mercenaires,
Leurs gendarmes et leurs mouchards.
On va leur tailler dans la viande
Pour les forcer à turbiner,
Et pour ne pas laisser jeûner
Sa Majesté le dividende.

Dans tous les corons d'alentour
On a jeté le cri d'alarme ;
On est sans argent et sans arme,
Et c'est demain au petit jour,
Mais qu'importe ! si dans la mine
On ne peut vivre en travaillant,
Mieux vaut mourir en combattant
Debout ! et guerre à la famine !

Et, là-bas sous leurs noirs drapeaux,
Voici les mineurs et leurs gosses :
Ces petits miséreux précoces
N'ont plus que la peau sur les os.
La troupe est rangée en bataille,
Les gendarmes ont sabre au clair,
Et les argousins patte en l'air
Sont prêts à charger la canaille. 

Pour mater quelques ventres creux,
Leur en faut-il des baïonnettes !
Les gens à grosses épaulettes
Ne vont pas ménager les gueux.
La grève, ce n'est pas la guerre.
Hé ! soldat, reste l'arme au bras,
Car si tu tires le tas,
Tu pourras bien tuer ton père !
































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