Chère carte de France, image
vénérée,
Qui déploie au regard son gracieux
contour,
Terre vraiment bénie et des
dieux préférée,
A toi en souvenir de respect et d'amour
!
Quel plaisir de nommer, le long de tes
rivages
Tes golfs et tes caps, connus des matelots
!
Voici la Normandie et ses riants ombrages,
Là-bas, c'est la Bretagne, en
guerre avec les flots !
Le soleil de midi dore de sa lumière
Marseille, l'opulente et superbe cité,
Et Nice la frileuse, et Toulon la guerrière,
Et Bayonne et Biarritz, au séjour
enchanté !
Salut, salut à vous, Alpes et
Pyrénées,
Majestueux remparts que Dieu même
a construit
Pour clore et protéger nos plaines
fortunées,
Où croissent à l'envi
les moissons et les fruits !
Nommez une richesse absente de ces rives:
La vigne, en rangs pressés,
hérisse nos coteaux,
Le nord a ses pommiers, le midi ses
olives,
Et sous les verts sillons dorment les
lourds métaux.
Salut, fleuves sacrés, sources
fraîches et claires
Rhône, enfant des glaciers, Seine
au cours onduleux
Garonne si terrible en tes brusques
colères,
Et toi, plus belle encor, notre Loire
aux flots bleus !
Un nom manque à ces noms, nous
l'acclamions naguère,
Quand la gloire escortait nos régiments
vainqueurs !
De la carte de France effacé
par la guerre,
Que ce nom reste au moins vivant au fond
des coeurs !