Paroles recueillies et publiées par Paul Vaillant-Couturier (1919)
Sur la musique de "Bonsoir
m'amour" (1911) écrite par Georges Sablon.
Une des plus célèbres
chansons composées par les poilus au cours des mutineries de 1917.
L'offensive de Nivelle s'était terminée par un massacre au
Chemin de dames avec 147.000 tués et 100.000 blessés en deux
semaines... Le moral était au plus bas, et certains régiments
refusèrent de monter en ligne. Des mutineries sont constatées
dans près de soixante divisions, sur les cent que comptaient l'armée
française. Pétain est appelé pour rétablir
la situation, et il réprima sévèrement les refus d'obéissance.
Il y eut plus de 500 condamnations à mort, mais beaucoup moins furent
éxecutées...
Cette chanson fut bien
sûr interdite, et on promit même une récompense à
celui qui dénoncerait son auteur: un million de franc-or et la démobilisation
immédiate! Mais aucun poilu n'eût la lâcheté
de dénoncer un camarade, ce qui prouve qu'au milieu de tant de détresse
et de désespoir, la solidarité n'était pas un vain
mot.
D'après certains
auteurs, la chanson aurait été écrite par Paul Vaillant
Couturier lui-même...
Ecoutez la musique :
Lecture mp3 :
CD Histoire de France - Anthologie
Quand au bout de huit jours, le r'pos
terminé
On va reprendre les tranchées,
Notre place est si utile
Que sans nous on prend la pile,
Mais c'est bien fini, on en a assez
Personne ne veut plus marcher,
Et le coeur bien gros comm' dans un
sanglot
On dit adieu aux civ'lots,
Même sans tambours, même
sans trompettes
On s'en va là-haut, en baissant
la tête.
Refrain :
Adieu la vie, adieu l'amour,
Adieu toutes les femmes
C'est bien fini, c'est pour toujours,
De cette guerre infâme,
C'est à Craonne, sur le plateau
Qu'on doit laisser sa peau,
Car nous sommes tous condamnés,
Nous sommes les sacrifiés.
Huit jours de tranchées, huit
jours de souffrances,
Pourtant on a l'espérance,
Que ce soir viendra la relève
Que nous attendons sans trêve.
Soudain dans la nuit et dans le silence
On voit quelqu'un qui s'avance,
C'est un officier, un chasseur à
pied
Qui vient pour nous remplacer.
Doucement dans l'ombre sous la pluie
qui tombe,
Les petits chasseurs vont chercher
leur tombe.
C'est malheureux d'voir sur les grands
boulevards
Tous ces gros qui font la foire
Si, pour eux la vie est rose,
Pour nous c'est pas la même chose.
Au lieu de s'cacher, tout ces embusqués
Feraient mieux d'monter aux tranchées
Pour défendre leur bien car
nous n'avons rien
Nous autres, les pauvres purotins
Tous les camarades sont enterrés
là
Pour défendre les biens de ces
messieurs là.
Dernier refrain:
Ceux qu'on l'pognon, ceux-là
r'viendront
Car c'est pour eux qu'on crève.
Mais c'est fini, car les troufions
Vont tous se mettre en grève.
Ce s'ra votre tour, messieurs les gros
De monter sur l'plateau,
Car si vous voulez la guerre
Payez-là d'votre peau !