Des morts tombés pour que la France vive encore
Voici l'affaire :
Après les sourds "de profondis"
Chantez leur, oh clairon de votre voix sonore
Des refrains martiaux qu'ils ont aimés jadis
Ils n'ont pas oublié la discipline ancienne
Qui les jetait debout au lever du soleil
Ils comprendront bien mieux leur voix que la mienne
Clairons sonnez leur le réveil
Vous avez entendu le rude appel du cuivre
Oh ! vous dont nous parlons en frémissant d'orgueil
Et Dieu pour un instant vous permet de revivre
Devant les bien-aimés qui portent votre deuil
Hors du charnier qui va de la Flandre à Alsace
Vous vous être dressés silencieux et doux
Officiers et soldats, chacun est sa place
Clairon, prenez le garde à vous !
Ah comme maintenant votre âme si vaillante
D'orgueil, d'amour, de joie aussi va tressaillir
Comme tremble un martyr devant la croix sanglante
Pour laquelle il a su longtemps saigné, souffrir
Car c'est pour vous montrer l'étendard tricolore
Pour lequel à vingt ans vous entrez au tombeau
Que je vous ai voulus, debout là, tous encore
Clairon, sonnez leur vos drapeaux
Mais à nos morts tombés joyeux pour la patrie
Afin que son renom soit plus fier et plus grand
Vous espérez encore une autre sonnerie
La dernière par vous entendue en mourant
Celle qui vous promet la goutte à boire, celle
Dont le rythme entraînant fera que nous mourrons
Comme vous si la France au combat nous rappelle
Sonnez nous la charge, oh ! clairon
Oh ! jeunes Dieux, tombés pour le salut du monde
Mais à jamais vivants dans notre souvenir
Rentrez tous à présent dans la glaise féconde
Où grâce à vous demain va germer l'avenir
Et vous clairons ardents, que votre voix rageuse
Se modère, se radoucisse un peu
Pour chanter à nos morts une ultime berceuse
En leur sonnant le couvre feu