Quel est ce preux à l'arrogante
allure,
Que rien ne semble arrêter en
chemin ?
Où va-t-il donc, si fier en
sa parure ?
Qu'il est vaillant ! Où sera-t-il
demain ?
Des grandes mers , c'est le roi, le
Titan,
Un monde vit et s'ébat en son
flanc,
Fruit du génie ;
Mais on oublie
L'immensité, le fond de l'Océan
2
En ce palais, pour tous la vie est
belle.
L'humble et le riche ont voulu l'étrenner.
Chacun sa place, en la grande nacelle.
C'est le printemps, vite il faut voyager.
On a goûté, le jour, de
grands bonheurs.
C'est le repos. Plus de bruits, de
clameurs.
La mer est douce
Comme une mousse,
Mais son grand sein cèle bien
des horreurs.
3
Partout, ci-bas, une ligne sépare
Le dur malheur de la félicité.
Bientôt jouera la joyeuse fanfare,
Pour mieux cacher un seuil d'éternité.
Mais le Titan court au but. Le deuil
suit
Et, malgré l'or, ses puissants,
cette nuit
La glace passe
Faites lui place,
C'est la Nature, en elle, qui régit.
4
De ce joyeux et rapide voyage,
De cet altier et moderne Titan,
Que reste-t-il ? Un terrible naufrage
Et ses horreurs. Beaucoup de dévoûment.
Ordres et cris : Chaloupes à
la mer !
Et chacun pense à l'être
le plus cher.
Mon Dieu, ma mère !
Hélas ! que faire ?
Puis l'appel part aussi prompt que
l'éclair.
5
Le fluide parle et le secours arrive.
Ils sont passés, les plus affreux
moments.
Plus de Titan, mais bientôt sur
la rive
Vont débarquer les femmes, les
enfants ;
Et moins d'un tiers enfin arrive au
port.
C'est trop payer de tribut à
la mort.
Seize cents vies
Furent ravies
Par l'océan, pour l'amour du
" record ".