Scéance du 9 Thermidor : Robespierre, dans une ambiance houleuse et agitée, assiste impuissant au décret d’arrestation voté contre lui par la ConventionSalut ! thermidor, jour de la délivrance,
Tu viens purifier un sang ensanglanté
!
Pour le seconde fois, tu fais luire
à la France
Les rayons de la liberté ;
Chantres républicains, célébrez
la victoire ;
Vierges du peuple franc, couronnez-vous
de fleurs ;
Pères, enfants, époux,
bénissez la mémoire
Du beau jour qui sécha vos pleurs.
Le sommet de l'Olympe a vu réduire
en poudre
Les superbes géants par la terre
enfantés ;
Au sénat de la France, ainsi
tombait la foudre
Sur les tyrans épouvantés.
En vain, pour conserver un sanguinaire
empire,
A tes yeux, ô soleil ! ils cachaient
leur fureur ;
Ivre du sang humain, leur troupe en
vain conspire
Avec la nuit et la terreur.
Ne crains plus d'éclairer le
triomphe des crimes ;
Remplace de ta soeur l'astre silencieux
;
Les oppresseurs vaincus vont suivre
leurs victimes ;
Tu peux remonter dans les cieux.
Le peuple et le sénat ont repris
leur puissance ;
Leur voix des noirs cachots rompt les
portes d'airain ;
Échafauds, où le crime
égorgeait l'innocence,
Tombez à ce cri souverain !
Renverse, ô liberté ! cet
autel homicide
Où l'horrible anarchie, un poignard
à la main,
Comme autrefois Diane aux monts de
la Tauride,
S'apaisait par du sang humain.
Vous, que chante en pleurant l'amitié
solitaire,
Femmes, guerriers, vieillards, beauté,
talents, vertus,
Vous ne reviendrez plus consoler sur
la terre
Vos parents, qui vous ont perdus.
Ah ! de vos noms sacrés la mémoire
chérie
Peut du moins quelquefois soulager
nos douleurs ;
Du moins sur vos tombeaux la plaintive
patrie
A nos pleurs mêlera ses pleurs.
Vous accusez, du fond de vos augustes
tombes,
Les coupables vengeurs qui vous ont
outragés ;
C'est par de sages lois, non par des
hécatombes,
Que vos amis seront vengés.
Oui, pour la République un nouveau
jour commence :
Nous verrons, à la voix de vos
mânes proscrits,
L'humanité dressant l'autel
de la clémence
Sur vos respectables débris.
Première déité,
des lois source immortelle,
Toi, qu'on adorait même avant
la liberté,
Toi, mère des vertus, véritable
Cybèle,
Touchante et saint Humanité
!
Unis des intérêts qui paraissaient
contraires ;
Un coeur qui sait haïr est toujours
criminel :
Au festin de l'oubli viens rassembles
des frères,
Pressés sur ton sein maternel.