Coeurs sensibles et généreux,
Braves soutiens de la Patrie
Mêlez à ma voix attendrie,
Vos chants, vos soupirs douloureux
:
Bara, dans un âge encore tendre,
Est mort, avec nos défenseurs
;
Son ombre a des droits à nos
pleurs,
Laissons-les couler sur sa cendre.
La main qui creusa son tombeau,
A peine au matin de la vie,
D'un laurier vainqueur de l'Envie
Couvrit à jamais son berceau
:
Victime de la rage impie
Des vils esclaves de ces tyrans,
Il n'a vécu que deux instants,
Et tous les deux pour sa Patrie ?
O vous ! ses amis, ses vengeurs,
Enfants qui croissaient pour la gloire,
C'est peu d'honorer sa mémoire
Par des regrets et par des pleurs.
Ah ! si des palmes immortelles
Couronnent son front radieux,
Songez qu'un trépas glorieux
Peut en mériter d'aussi belles.