Yvetot : "10.000h,
chef lieu de canton de Seine Maritime, dans le pays de Cau" nous dit
le dictionnaire. "Cette commune fut érigée en principauté
entre 1370 et 1392. Son seigneur se fit quelquefois qualifier du titre
de Roi".
D'autres ouvrages font
remonter l'origine de la principauté d'Yvetot au roi mérovingien
Clotaire Ier ! Ce vilain roi, aussi violent que pieux, aurait occis
un certain Gauthier, seigneur d'Yvetot à l'intérieur même
d'une église. Menacé d'excommunication pour cet acte fort
peu chrétien, Clotaire aurait racheté son pêché
en érigeant Yvetot en royauté au profit des héritiers
de sa victime.
On est pas obligé de croire à
la réalité de cette querelle qui remonte fort loin dans l'histoire
de France, Mais ce qui est sûr, c'est que le souvenir des souverains
d'Yvetot était encore vivace dans la mémoire populaire
du temps de Béranger, au début du XIXeme siècle.
Mais, ne nous y trompons pas. Sous son air badin,
"Le Roi d'Yvetot" est une chanson politique,écrite contre
Bonaparte lui-même. Ce souverain débonnaire
est tout le contraire
de l'Empereur. En 1813, cette chanson eut un immense succès, mais
ne se chantait qu'à mi-voix. En fredonnant
ces deux vers "Il
n'agrandit point ses états, Fut un voisin commode",
tout le monde pensait
aux guerres que menaient les soldats français
dans toute l'Europe depuis
plus de quinze ans... Par un curieux retournement
de l'histoire, le succès
de cette chanson dura sous la restauration,
et tout le monde voulut
voir en Louis XVIII un nouveau roi d'Yvetot !
Ecoutez la musique :
Il était un roi d'Yvetot
Peu connu dans l'histoire
Se levant tard, se couchant tôt,
Dormant fort bien sans gloire
Et couronné par Jeanneton
D'un simple bonnet de coton
Dit-on
Refrain :
Oh, oh, oh; ah,
ah, ah, ah,
Quel bon petit
roi c'était là,La, la !
Il faisait ses quatre repas
Dans son palais de chaume
Et sur un âne pas à pas
Parcourait son royaume
Joyeux, simple et croyant le bien
Pour toute garde, il n'avait
Qu'un chien.
Il n'avait de goût onéreux
Qu'une soif un peu vive
Mais en rendant son peuple heureux,
Il faut bien qu'un roi vive.
Lui même à table et sans
suppôt
Sur chaque muid levait un pot
D'impôt !
Aux filles de bonnes maisons
Comme il avait su plaire
Ses sujets avaient cent raisons
De le nommer leur père
D'ailleurs il ne levait le ban
Que pour tirer quatre fois l'an
Au blanc !
Il n'agrandit point ses états
Fut un voisin commode
Et modèle des potentats
Prit le plaisir pour code.
Ce n'est que lorsqu'il expira
Que le peuple qui l'enterra
Pleura.
On conserve encore le portrait
De ce digne et bon prince
C'est l'enseigne d'un cabaret
Fameux dans la province
Les jours de fête on voit souvent
La foule s'écrier en buvant
Devant.